Introduction

Dans cet article : L’indépendance financière : au-delà des mythes, la réalité des chiffres , j’ai parlé de la volatilité et comment elle pouvait être un danger pour votre capital quand vous êtes en “mode rentier”.

La volatilité ça fait peur.

Mais elle peut être aussi notre alliée si on l’utilise correctement

Dans cet article, nous allons explorer ensemble pourquoi la volatilité est beaucoup plus nuancée que ce que l’on pourrait penser au premier abord. Je vais partager avec vous des découvertes éclairantes basées sur plus de 11 années d’analyse de données réelles.

Les différentes échelles de temps : une question de perspective

Imaginez que vous observiez le cours d’une action. Si vous regardez les variations jour après jour, vous allez voir plein de petits mouvements. C’est comme si vous zoomiez à mort sur un tableau de Monet (ou autre artiste hein, je l’ai cité au hasard) – vous ne voyez que des points de peinture.

Mais si vous prenez du recul et que vous regardez les variations semaine après semaine, ou mois après mois, l’image devient différente. Les petits mouvements s’estompent pour laisser place à des tendances plus larges.

C’est exactement ce qui se passe quand on parle de période d’échantillonnage en analyse de volatilité. Et comprendre ce concept peut changer votre façon d’investir.

La précision et l’échantillonnage : les mathématiques à votre service

Rentrons dans le vif du sujet avec des données concrètes. Cette étude s’appuie sur une analyse de données allant de janvier 2013 à août 2024, soit 11,5 années. Cette période englobe :

  • Le marché haussier post-crise de 2013-2019
  • Le crash du Covid en 2020
  • La reprise spectaculaire qui a suivi
  • Les turbulences de 2022-2024

Ces données, issues d’une étude approfondie réalisée par Moontower, nous permettent d’observer différents types de marchés et de cycles économiques.

Premier constat important : plus votre période d’échantillonnage est courte, plus votre mesure de volatilité sera statistiquement robuste. C’est ce qu’on appelle la convergence statistique.

Laissez-moi vous donner un exemple concret qui va parler à tout le monde :

Imaginez que vous essayez d’estimer la température moyenne d’une journée :

  • Si vous prenez la température toutes les heures, vous aurez 24 mesures
  • Si vous ne la prenez que trois fois par jour, vous n’aurez que 3 points
  • Si vous ne la prenez qu’une fois, vous n’aurez qu’un seul point

Lequel de ces scénarios vous donnera l’estimation la plus précise ? Évidemment, celui avec 24 mesures.

C’est exactement la même chose pour la volatilité des marchés :

  • Avec des données journalières sur 40 jours = 40 points de données
  • Avec des données hebdomadaires = 8 points
  • Avec des données mensuelles = seulement 2 points

L’importance du contexte : tout n’est pas qu’une question de précision

MAIS ATTENTION !

Ce n’est pas parce que vous avez une mesure plus précise que c’est forcément celle qu’il faut utiliser. Tout dépend de votre horizon d’investissement et de votre stratégie.

Voici une analogie que j’utilise souvent avec mes clients : Si vous conduisez une voiture, vous ne regardez pas la route de la même manière selon votre vitesse :

  • En ville, vous scrutez les 20 mètres devant vous
  • Sur l’autoroute, vous regardez beaucoup plus loin
  • Sur un circuit de F1, vous devez anticiper plusieurs virages à l’avance

C’est exactement pareil pour la volatilité ! Votre “distance de vue” doit correspondre à votre stratégie d’investissement.

Les différents profils : à chacun sa volatilité

Le trader court terme

  • A besoin de la volatilité journalière ou même intra-journalière
  • Doit comprendre les micro-mouvements
  • Utilise des stop loss serrés
  • Exemple d’utilisation : Un day trader qui cherche à capturer des mouvements de 0,5% à 2% par jour

Les profils moyens termes : investisseurs et swing traders

Cette catégorie est particulièrement intéressante car elle regroupe deux types de profils qui se chevauchent souvent :

L’investisseur moyen terme “classique” :

  • S’intéresse aux variations hebdomadaires ou mensuelles
  • Cherche à identifier les tendances fondamentales
  • Base ses décisions sur les fondamentaux et les cycles économiques
  • Vise généralement des horizons de 6 mois à 2 ans
  • Exemple d’utilisation : Un investisseur qui achète des actions sous-évaluées et attend leur retour à la “juste valeur”

Le swing trader :

  • Opère également sur des variations hebdomadaires ou mensuelles
  • Se concentre davantage sur l’analyse technique et les momentum
  • Utilise activement les niveaux supports/résistances
  • Vise des mouvements de 5% à 15% sur plusieurs semaines
  • Exemple d’utilisation : Un trader qui surfe sur les tendances de moyen terme en utilisant les corrections et les reprises

Ce qui est intéressant, c’est que ces deux profils, bien qu’ayant des approches différentes, utilisent souvent les mêmes échelles de temps pour analyser la volatilité. C’est un bon exemple de comment le même outil (la volatilité) peut être utilisé de manières très différentes selon votre stratégie.

L’investisseur long terme

  • Se concentre sur les variations trimestrielles ou annuelles
  • S’intéresse aux cycles économiques
  • Peut ignorer la volatilité court terme
  • Exemple d’utilisation : Un investisseur value qui cherche une croissance de 50% à 100% sur 3-5 ans

Un exemple concret : Tesla

Examinons le cas de Tesla, un exemple pertinent pour comprendre la volatilité dans toute sa complexité.

Sur les 11,5 dernières années, les chiffres de Tesla sont particulièrement révélateurs. Laissez-moi vous expliquer en détail ce qu’ils signifient :

La volatilité quotidienne sur 40 jours : 52,7% en moyenne

Comment calcule-t-on ce chiffre ?

  1. On prend chaque jour les rendements (variations de prix) par rapport au jour précédent
  2. On utilise une fenêtre glissante de 40 jours de trading
  3. Pour chaque fenêtre, on calcule l’écart moyen des rendements par rapport à leur moyenne
  4. On multiplie par la racine carrée de 251 (le nombre moyen de jours de trading dans une année) pour obtenir une volatilité annualisée
  5. Enfin, on fait la moyenne de toutes ces mesures sur les 11,5 années

C’est comme si vous preniez la température toutes les heures pendant 40 jours, mais au lieu de faire une simple moyenne, vous mesuriez l’ampleur moyenne des variations.

Que signifie concrètement une volatilité de 52,7% ?

  • Statistiquement, cela signifie que dans environ 68% des cas (un écart-type), le rendement annuel de Tesla se situera entre -52,7% et +52,7% autour de sa moyenne
  • En termes plus simples : sur une année, il est “normal” pour Tesla de voir son cours varier de plus ou moins 52,7%
  • Au jour le jour, cela se traduit par des variations moyennes d’environ 52,7%/√251 ≈ 3,3% (en plus ou en moins)
  • Cette forte volatilité explique pourquoi Tesla peut facilement gagner ou perdre plus de 3% en une seule séance de trading

L’écart-type : 19,3%

L’écart-type est tout aussi important que la volatilité moyenne elle-même. Il nous raconte une autre partie de l’histoire :

  • Il mesure à quel point la volatilité elle-même… est volatile ! 🤓
  • Un écart-type de 19,3% nous dit que la volatilité de 52,7% n’est pas stable
  • Environ 68% du temps, la volatilité se situe entre 33,4% (52,7% – 19,3%) et 72% (52,7% + 19,3%)
  • C’est comme la météo : non seulement il fait chaud, mais la température elle-même est très variable

C’est le genre de statistiques qui fait fuir la plupart des investisseurs traditionnels et attirent les plus audacieux 🤗.

MAIS…

Quand on regarde la même action en changeant la fréquence de mesure (ce qu’on appelle l’échantillonnage en statistiques) – c’est-à-dire quand on passe d’une analyse quotidienne à une analyse sur des périodes plus longues :

  • En hebdomadaire : au lieu de regarder les variations jour par jour, on observe les variations semaine par semaine, ce qui fait que la volatilité baisse significativement
  • En mensuel : on ne regarde que les variations de prix d’un mois à l’autre, ce qui rend le portrait encore plus lisse
  • En trimestriel : on analyse les variations entre chaque trimestre, ce qui permet de voir émerger des tendances claires

La même action peut raconter des histoires très différentes selon l’angle sous lequel on la regarde.

Les pièges à éviter : ne tombez pas dans ces erreurs classiques

1. L’obsession du court terme

Ne vous laissez pas hypnotiser par les variations quotidiennes si vous êtes un investisseur long terme. C’est comme regarder pousser l’herbe – vous allez devenir fou avant de voir quoi que ce soit !

2. La comparaison inadéquate

Comparer la volatilité de deux actifs mesurée sur des périodes différentes, c’est comme comparer des pommes et des oranges. Assurez-vous de toujours utiliser la même période d’échantillonnage pour vos comparaisons.

3. L’oubli du contexte

La volatilité n’est qu’un outil parmi d’autres. Elle doit être mise en perspective avec :

  • Votre stratégie globale
  • Votre tolérance au risque
  • Vos objectifs d’investissement
  • Votre horizon temporel

Comment utiliser cette information ? Du concept à la pratique

1. Adaptez votre mesure à votre stratégie

  • Définissez d’abord votre horizon d’investissement
  • Choisissez ensuite la période d’échantillonnage appropriée
  • Gardez la même méthode pour tous vos investissements
  • Réévaluez périodiquement votre approche

2. Utilisez plusieurs échelles de temps

  • Regardez la volatilité sur différentes périodes
  • Comparez les résultats
  • Identifiez les patterns qui se répètent
  • Utilisez cette information pour affiner votre stratégie

3. Créez votre propre tableau de bord

Je vous conseille de créer un tableau simple avec :

  • Volatilité journalière
  • Volatilité hebdomadaire
  • Volatilité mensuelle
  • Volatilité trimestrielle

Pour obtenir facilement ces données, vous pouvez utiliser la plateforme moontower.ai (je suis pas affilié) qui propose justement ce type d’analyses multi-temporelles de la volatilité. C’est d’ailleurs l’outil qui a servi de base aux analyses présentées dans cet article.

Un tel tableau de bord vous permettra d’optimiser vos décisions de plusieurs façons :

Pour le sizing de vos positions :

  • La volatilité journalière vous aide à calibrer vos stops loss
  • La volatilité hebdomadaire permet d’ajuster la taille de vos positions en fonction du risque
  • Exemple : si un actif a une volatilité journalière de 2%, un stop loss à 6% représente 3 fois la volatilité quotidienne

Pour le timing de vos entrées :

  • Comparez la volatilité actuelle aux moyennes historiques
  • Une volatilité anormalement basse peut signaler une explosion de volatilité à venir
  • Une volatilité extrêmement élevée peut indiquer un point de retournement proche
  • Exemple : si la volatilité mensuelle actuelle est 50% plus élevée que sa moyenne historique, cela peut indiquer un excès de peur sur le marché

Pour adapter votre stratégie :

  • La volatilité trimestrielle vous donne une idée des cycles de marché plus larges
  • Un changement de régime de volatilité (passage d’une volatilité faible à forte) peut vous inciter à :
    • Réduire la taille de vos positions
    • Élargir vos stops
    • Raccourcir votre horizon de trading
  • Exemple : dans une période de forte volatilité trimestrielle, vous pourriez décider de trader avec 50% de votre taille habituelle

Pour la diversification :

  • Comparez les volatilités entre différents actifs
  • Identifiez les corrélations de volatilité
  • Construisez un portefeuille équilibré en termes de risque
  • Exemple : si deux actifs ont des pics de volatilité à des moments différents, ils peuvent offrir une bonne diversification

Cette approche multi-temporelle de la volatilité vous permet ainsi d’avoir une vision complète du risque et d’adapter votre trading en conséquence. L’objectif n’est pas d’avoir “raison” sur le marché, mais d’avoir une gestion du risque cohérente avec votre stratégie.

Conclusion : la volatilité, votre alliée méconnue

La volatilité n’est pas votre ennemie, c’est un outil. Et comme tout outil, son utilité dépend de la façon dont vous l’utilisez.

Ne tombez pas dans le piège de penser qu’il y a UNE SEULE façon de mesurer la volatilité. Comme souvent en investissement, tout est question de contexte et d’objectif.

Je sais, ça peut faire peur, mais encore une fois, c’est quand vous allez là où les autres ne vont pas que vous pouvez gagner plus 😉.

Alors la prochaine fois que quelqu’un vous dit “Attention, cet actif est très volatile !”, posez-lui ces questions :

  • “Sur quelle période mesures-tu cette volatilité ?”
  • “Est-ce que cette période correspond à ton horizon d’investissement ?”
  • “As-tu comparé avec d’autres périodes d’échantillonnage ?”

Je vous garantis que dans 90% des cas, la personne n’aura même pas réfléchi à ces questions…


Si cet article vous a plu et que vous voulez approfondir ces concepts, j’ai créé le groupe FAST-TRACK INVESTOR.
Nous y partageons régulièrement des analyses approfondies et des stratégies concrètes pour améliorer vos performances d’investissement : Découvrir FTI.

-> Découvrir FTI

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Cédric Tempestini

Cédric Tempestini

Pour ceux qui ont de l’argent. Deal Hunter, Investor, Serial Entrepreneur, BA, Author

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