Le Venture Capital (VC), ou capital-risque, est une forme d’investissement dédiée aux jeunes entreprises innovantes à fort potentiel de croissance. Concrètement, des fonds de Venture Capital lèvent de l’argent auprès d’investisseurs institutionnels ou privés (les Limited Partners), puis prennent des participations minoritaires dans des startups prometteuses.
L’objectif ? Propulser ces sociétés vers une expansion rapide – quitte à assumer un risque élevé – afin de réaliser, à la sortie (vente, acquisition ou introduction en bourse), une plus-value capable de multiplier la mise initiale. Autrement dit, le VC finance aujourd’hui les licornes de demain : il mise sur l’audace, la technologie et l’ambition pour transformer des idées en géants de leur marché.

Je suis passionné par cette thématique d’investissement, notamment à travers mon club InvestorX https://www.investorx.deals/.
Il est important de comprendre comment fonctionnent les Fonds de Venture Capital, car en tant qu’investisseur, on peut les exploiter comme un élément de pré-sélection pour chercher des startups dans lesquelles investir.
Et profiter de tout l’éco-système qu’ils apportent à la startup… 👇

D’où vient l’argent des fonds de Venture Capital ? (Les Limited Partners)

Première question à se poser : d’où vient l’argent que les fonds de Venture Capital investissent dans les startups ?
Les VC ne sortent pas les billets de leur poche uniquement – ils gèrent l’argent d’autres investisseurs, appelés Limited Partners (LPs). Les LPs sont en quelque sorte les « commanditaires » du fonds : ils apportent le capital et laissent le VC (appelé, lui, General Partner ou GP) le faire fructifier.

Qui sont ces fameux LPs ?
Il s’agit souvent de grosses institutions financières ou de grandes fortunes : par exemple des fonds de pension, des compagnies d’assurance, des fonds souverains, des family offices, des fonds de dotation d’universités, ou encore des fonds de fonds. En bref, des investisseurs disposant de capitaux importants à allouer. Leur motivation : diversifier leur argent dans des classes d’actifs à haut risque mais potentiellement très rentables. On voit aussi des LPs plus grand public via des fonds communs de placement à risque (FCPR) ou des véhicules d’investissement accessibles aux particuliers, mais la majorité des fonds VC classiques sont alimentés par des institutionnels.

Concrètement, un fonds de VC est généralement structuré comme une société en commandite : les LPs y sont partenaires limités (responsables seulement à hauteur de leur mise) et les GPs (ceux qui gèrent le fonds) sont les partenaires généraux qui décident des investissements. Les GPs collectent l’argent des LPs (on parle de lever un fonds), puis investissent cet argent dans des startups triées sur le volet. En échange, les LPs recevront une part des profits réalisés sur ces investissements, tandis que les GPs toucheront des frais et un pourcentage des gains.

Fun fact : on parle souvent de la fameuse règle du “2/20” en Venture Capital.
Cela signifie qu’un fonds typique va prélever 2% de frais de gestion par an sur l’argent engagé (pour payer les salaires de l’équipe, les analyses, le loyer, etc.), et environ 20% des profits (appelé carried interest) une fois que les investissements réussis sont liquidés. Par exemple, un fonds de 100 M€ sur 10 ans utilisera ~20 M€ pour ses frais sur la décennie, et il investira réellement ~80 M€ dans des startups. S’il réalise des gains à la sortie, 20% de ces plus-values iront aux GPs du fonds (après avoir d’abord bien sûr rémunéré les LPs). Ce modèle aligne l’intérêt du gestionnaire sur la performance : le VC ne gagne beaucoup que si ses investissements réussissent.

Le cycle de vie d’un fonds de Venture Capital

Une fois l’argent levé auprès des LPs, comment s’organise la vie d’un fonds de capital-risque ? Le cycle de vie d’un fonds VC s’étale généralement sur 8 à 10 ans. On peut le découper en plusieurs phases clés :

  • Phase 1 – Levée de fonds : le GP part convaincre des LPs d’investir dans son fonds, avec une thèse d’investissement (secteurs ciblés, stratégie). Une fois l’objectif atteint (par ex. constituer un fonds de 100 M€), le fonds est officiellement lancé.

  • Phase 2 – Investissement (période d’investissement) : pendant les ~3 à 5 premières années, le VC déploie le capital du fonds en entrant au capital de startups prometteuses. Il va chercher des « pépites » correspondant à sa stratégie – on verra plus loin comment il les trouve. Chaque investissement prend la forme d’une prise de participation (actions) lors d’un tour de table aux côtés d’autres éventuels co-investisseurs.

  • Phase 3 – Suivi et accompagnement : une fois le portefeuille constitué, le VC joue un rôle actif auprès des startups : il siège souvent à leur conseil d’administration, les conseille sur la stratégie, aide au recrutement ou ouvre son carnet d’adresses. C’est un véritable partenariat sur la durée. Durant cette phase, le fonds garde aussi de la réserve pour éventuellement réinvestir dans les meilleurs de ses startups lors des tours suivants (on parle de follow-on).

  • Phase 4 – Sortie (exit) : au bout de quelques années (souvent 5-10 ans après l’investissement initial), le VC cherche à sortir de ses participations pour matérialiser un retour sur investissement. Les sorties réussies peuvent prendre la forme d’une revente de la startup à une autre entreprise (acquisition), d’une introduction en bourse (IPO), ou plus rarement d’un rachat de sa part par un autre investisseur. C’est lors de la sortie que le VC « monétise » son investissement – idéalement avec une belle plus-value si la startup a pris de la valeur. Les fonds sont alors redistribués aux LPs (c’est le DPI – Distributed to Paid-In capital – qui mesure l’argent effectivement retourné aux investisseurs).

Un point important : pendant toute la vie du fonds, les LPs ne peuvent pas en principe retirer leur argent à leur guise. L’investissement en capital-risque est illiquide et bloqué sur la durée du fonds. En investissant, il faut accepter de patienter de longues années (parfois 8-10 ans sans récupérer sa mise initiale), le temps que les startups mûrissent et qu’éventuellement les meilleures d’entre elles “explosent” en valeur. C’est un horizon de long terme, ce qui explique que les LPs sont souvent des investisseurs institutionnels capables d’attendre.

Au fil du cycle de vie, un même gestionnaire (GP) va souvent lancer plusieurs fonds en parallèle. Par exemple, quand son fonds I arrive en fin de période d’investissement, il commence à lever un fonds II, et ainsi de suite, créant une sorte de série de fonds tous les 2-4 ans. Les meilleurs VC parviennent ainsi à fidéliser leurs LPs qui les suivent de fonds en fonds, surtout si les performances sont au rendez-vous.

Dans quoi investissent les fonds VC ? Types de startups et stades

On associe souvent le Venture Capital aux startups technologiques – et en effet, la plupart des fonds VC financent des jeunes entreprises innovantes à fort potentiel de croissance. Mais il existe une variété de thèses d’investissement selon les fonds : certains sont très généralistes, d’autres spécialisés (par exemple un fonds dédié aux biotechnologies, ou aux fintech, ou aux startups deeptech à forte composante R&D). L’objectif commun reste de trouver des sociétés capables de croître vite et beaucoup, idéalement jusqu’à devenir des leaders sur de nouveaux marchés.

En termes de stade de développement, on classe généralement les investissements VC par « tours » successifs :

  • Amorçage (Seed) : c’est le premier tour institutionnel, après éventuellement des apports personnels, de love money ou de business angels. Au stade Seed, la startup a un produit minimum viable ou un prototype, des premiers utilisateurs, et cherche quelques centaines de milliers ou quelques millions d’euros pour tester son modèle et accélérer les premières ventes. Certains fonds sont spécialisés Seed et prennent le relais des business angels pour ce premier pari sur l’équipe et l’idée.

  • Série A : premier « vrai » tour de table significatif auprès de VC, souvent entre 2 et 10 M€ (voire plus selon le secteur). En Series A, la startup a déjà prouvé qu’il y a un intérêt marché (premiers revenus ou au moins une traction utilisateur) et l’argent sert à accélérer : renforcer l’équipe, affiner le produit, structurer l’entreprise pour grandir. Les investisseurs en Série A attendent de la traction et un plan clair pour scaler. (Aux États-Unis, on dit parfois que la Series A doit valider que la startup peut devenir un business répétable et scalable.)

  • Séries B, C, … : les tours suivants, de plus en plus gros. Série B : l’entreprise a déjà une croissance notable, il s’agit d’accélérer l’expansion (souvent internationale) et de consolider la position. Les tickets peuvent être de 10-30 M€ en Série B. Série C et au-delà : on parle de late stage ou capital-développement, avec des montants très importants (plusieurs dizaines voire centaines de millions) pour des entreprises qui approchent de la rentabilité ou d’une introduction en bourse. Ces tours tardifs servent à financer de la croissance externe, des déploiements massifs ou simplement à booster la valorisation avant l’IPO.

Certains fonds se concentrent uniquement sur l’early stage (Seed / Série A) – ce sont souvent les plus exposés au risque car ils investissent très tôt, mais obtiennent des parts importantes à faible prix. D’autres fonds préfèrent le late stage, moins risqué (la startup a déjà fait ses preuves) mais où les valorisations sont élevées et le potentiel de multiplication de la mise plus limité. Il existe aussi des fonds dits multi-stage qui suivent les entreprises sur plusieurs tours.

Au-delà du stade, les secteurs visés importent : un fonds peut avoir une thèse sectorielle (ex : un fonds VC dédié aux technologies de la santé, ou aux startups impact environnemental). Par exemple, récemment on voit des opportunités d’avenir dans des secteurs émergents comme la longévité (les innovations pour vivre plus longtemps et en bonne santé) et certains VC commencent à explorer ces niches prometteuses (Opportunité d’avenir : Investir dans la longévité en Venture Capital. En France, on a aussi des fonds orientés “French Tech” généralistes, d’autres qui ciblent les projets à impact social, etc. Chaque fonds annonce généralement ses domaines de prédilection, ce qui aide les entrepreneurs à savoir vers qui se tourner.

En résumé, les fonds VC investissent majoritairement dans des startups non cotées, innovantes, à fort potentiel de croissance, typiquement en tech ou sciences, depuis les phases initiales (amorçage) jusqu’aux phases d’expansion pré-IPO. L’idée sous-jacente est de viser des entreprises capables de décupler ou centupler leur valeur en quelques années. On est loin de la PME pépère : un VC ne cherche pas une société qui fera +5% par an, il cherche la perle rare qui peut être multipliée par 10, 50, 100… (On parle de “moonshot” – viser la lune – ce qui traduit bien l’ambition hors norme parfois nécessaire !)

Comment les VC trouvent-ils des startups ? Le « deal flow »

Passons à la chasse aux pépites : comment un VC déniche-t-il les startups dans lesquelles il va investir ?
On pourrait croire qu’il lui suffit d’ouvrir sa boîte mail tant les entrepreneurs en recherche de fonds sont nombreux. En réalité, la plupart des bons deals ne viennent pas d’envois au hasard, mais du réseau et du travail proactif du VC pour rester au contact de l’écosystème.

Les investisseurs en capital-risque emploient plusieurs stratégies pour alimenter un flux constant d’opportunités (ce qu’on appelle le deal flow). Parmi les sources principales :

  • Le réseau et les recommandations : C’est la voie royale. Un adage courant est que 70% des deals proviennent du réseau de l’investisseur. En pratique, cela signifie qu’un entrepreneur qu’ils connaissent, un autre VC partenaire, un ancien collègue, ou un membre de leur communauté va les introduire à une startup prometteuse. Ces warm introductions sont précieuses car quelqu’un de confiance a déjà filtré et jugé l’opportunité intéressante. Les meilleurs VC cultivent sans cesse leur réseau : ils discutent avec des fondateurs, des autres investisseurs, des accélérateurs, etc., afin d’être au courant des nouveaux projets avant tout le monde.

  • Les événements et écosystèmes startups : Conférences tech, demo days d’accélérateurs (comme le fameux Y Combinator Demo Day), concours de startups, meetups… Le VC participe activement à l’écosystème. C’est souvent l’occasion de rencontrer des entrepreneurs en direct. Il faut aimer « serrer des paluches » et rencontrer du monde, car une bonne partie du travail se fait dans le cercle privé du VC. Être visible et approchable lors de ces événements permet d’attirer à soi des fondateurs talentueux. (Beaucoup de deals se nouent autour d’un café ou même de façon informelle).

  • Les candidatures entrantes (inbound) : La plupart des fonds reçoivent aussi de nombreux pitch decks envoyés par email ou via leur site. Les plus grands fonds peuvent recevoir des centaines de sollicitations par mois. Cependant, soyons honnêtes, un projet sorti de nulle part sans introduction aura plus de mal à retenir l’attention. Les VC admettent volontiers qu’ils examinent prioritairement les dossiers recommandés par quelqu’un de confiance. Un email froid a plus de chances d’aboutir s’il coche parfaitement les cases de ce que le fonds recherche, ou s’il provient d’une source notable (un entrepreneur qui a déjà réussi, un autre VC, etc.).

  • La prospection proactive (outbound) : Certains VC n’attendent pas qu’une startup vienne à eux, ils identifient eux-mêmes les domaines porteurs et vont chercher les acteurs prometteurs. Par exemple, un fonds convaincu que la prochaine révolution sera dans l’agritech peut cartographier toutes les jeunes pousses du secteur et contacter celles qui l’intéressent. Ce travail d’analyse sectorielle, voire l’usage de plateformes et bases de données, se développe (certains VC s’équipent d’outils d’intelligence artificielle pour scanner les signaux faibles de startups en croissance). Mais rien ne remplace le bon vieux bouche-à-oreille et les relations humaines pour le moment…

En pratique, chaque fonds mixe ces canaux pour ne rater aucune opportunité. Le défi, c’est que le taux de conversion est très faible : un grand fonds peut n’investir que dans 1% ou moins des opportunités qu’il évalue. Un ami VC me confiait par exemple que sur plus de 200 dossiers étudiés, son fonds n’en retient que 4 ou 5 par an. Cela implique de savoir dire non souvent, et de déployer des trésors d’efficacité pour filtrer rapidement les projets.
Chaque VC a ses astuces : lecture éclair d’un deck en cherchant trois slides clés (souvent l’équipe, le marché, et le produit), calls de pré-sélection de 30 minutes, etc. Il faut aller vite pour identifier les meilleurs et ne pas les laisser filer à la concurrence – car oui, les VC sont en compétition entre eux pour investir dans les startups les plus prometteuses !

En somme, le deal flow d’un VC repose beaucoup sur sa capacité à tisser un réseau (d’où l’importance d’être sociable dans ce métier) et à rester visible dans l’écosystème. La réputation joue un rôle : si un fonds est reconnu pour sa valeur ajoutée ou pour sa bienveillance, les entrepreneurs auront envie de le contacter en priorité. À l’inverse, un VC peu aidant risque de voir moins d’opportunités arriver à lui. C’est un petit monde où tout le monde se parle !

Les critères de sélection des startups par les VC

Une fois qu’un VC a une startup dans son radar, comment décide-t-il d’investir ou non ? Quels sont ses critères de sélection ?
Bien sûr, chaque investisseur a ses marottes, mais il existe des facteurs universels que presque tous les VC examinent de près.

Voici les principaux critères, souvent cités, qui peuvent faire pencher la balance :

  • L’équipe fondatrice (Team) – C’est souvent le critère numéro 1. On entend fréquemment que les VC “investissent sur les gens avant tout”. Pourquoi cette obsession de l’équipe ? Parce qu’une startup, surtout au début, c’est avant tout des personnes : un projet peut pivoter, un produit peut changer, mais l’équipe reste la même tout au long de l’aventure.
    Les investisseurs vont donc jauger le profil des fondateurs : sont-ils complémentaires (ex: un tech + un commercial) ? Ont-ils de l’expérience dans le secteur ? Sont-ils pleinement engagés et capables de mener l’entreprise face aux obstacles ? Une « équipe de choc » rassure le VC sur la capacité à exécuter le plan et à s’adapter en cas de coup dur. La vision et la capacité à l’articuler comptent aussi énormément – un fondateur doit savoir bien pitcher et communiquer sa passion. Un VC pourrait adorer un marché mais passer son tour s’il trouve l’équipe “brouillonne” ou pas au niveau.

  • La taille du marché visé (Market size) – On l’a dit, les VC veulent des projets qui peuvent devenir très grands. Donc il faut que le marché adressable soit immense ou en forte croissance. Un dicton : “Autant viser un océan que la mare du coin”. Si votre marché total n’est que de 20 millions d’euros, même en le dominant à 100% ça restera petit. Les VC préfèrent voir un “TAM” (Total Addressable Market) d’au moins 1 milliard (en euros ou $) pour espérer un jour une startup valorisée à plus d’un milliard. La croissance du marché compte aussi : cibler un secteur en pleine expansion, c’est surfer sur une vague porteuse.
    Exemple : au début des années 2010, le marché du smartphone explosait – investir dans des applis mobiles avait du sens car le gâteau lui-même grossissait vite. En résumé, marché vaste = potentiel de gain vaste, condition sine qua non pour un retour 10x.

  • La traction et les KPIs – La traction désigne les premiers résultats concrets de la startup : nombre d’utilisateurs en croissance, chiffre d’affaires qui décolle, etc. Pour un VC, c’est un excellent indicateur du product/market fit (le fait que le produit trouve son public). Des KPIs (indicateurs clés) solides, comme une croissance mensuelle à deux chiffres, une rétention élevée des utilisateurs, ou des clients prestigieux déjà signés, constituent des preuves que le projet “marche” au-delà des slideware.
    En seed, on pardonne des métriques limitées (puisque tout démarre), mais en Série A et plus, il faut montrer des courbes qui montent ! La trajectoire compte autant que le niveau absolu : un revenu qui passe de 10k€ à 100k€ mensuels en un an, c’est plus parlant pour un VC qu’une boîte stagnante à 500k€ depuis 3 ans. En somme, les VC scrutent la croissance et le momentum du projet : ils adorent les startups en accélération constante.

  • L’avantage concurrentiel (Moat) – Dans la jungle des startups, qu’est-ce qui va faire que celle-ci en particulier va s’imposer ? Le VC cherche à comprendre les avantages concurrentiels. Ça peut être une technologie unique difficile à reproduire, des brevets, une équipe experte sur un savoir-faire pointu, un réseau ou partenariat exclusif ouvrant un accès marché, etc. Avoir déjà une longueur d’avance sur la concurrence rassure.
    D’ailleurs, la présence de concurrents n’est pas un mal en soi : “pas de concurrents = peut-être pas de marché” rappelle-t-on souvent. Un marché vierge peut être risqué s’il n’existe vraiment aucune alternative (ça peut vouloir dire que personne n’en veut). Par contre, si le marché est actif, il faut se différencier pour gagner. Le VC va donc tester la vision du fondateur : “Pourquoi vous plutôt qu’un autre ?”. Ici, tout compte : innovation produit, modèle économique plus pertinent, meilleure exécution… Il faut montrer une stratégie claire pour garder une avance sur les autres.

  • Le produit et la vision – Bien sûr, le produit/service proposé doit répondre à un vrai problème. Les VC évaluent si la solution apporte une valeur tangible aux clients, si elle est utilisable, aimée des premiers utilisateurs ou si ce n’est qu’un gadget.
    Ils vont souvent vouloir tester le produit, voir une démo, lire les feedbacks clients. Un prototype peut suffire en amorçage, mais plus loin il faut un produit abouti. La vision long terme est également scrutée : un startup qui a une belle app aujourd’hui, c’est bien, mais le VC veut savoir comment cela peut évoluer en une plateforme incontournable demain. Les fondateurs doivent donc articuler une vision ambitieuse et montrer comment le produit va s’élargir, gagner en fonctionnalités, en marché, etc. Un peu comme un entraineur qui regarde non seulement le match en cours mais le plan de jeu pour la saison complète.

Ces critères se recoupent et chaque VC les pondère à sa sauce. Mais en règle générale, une startup “VC-compatible” est une startup avec une équipe d’exception, attaquant un énorme marché avec un produit innovant, qui montre déjà des signes de traction, et qui a des atouts uniques face à la concurrence. Ajoutez à cela une dose de synchronicité (le bon timing du marché, parfois appelé momentum) : lancer la bonne idée au bon moment.
Par exemple, lancer un service de visioconférence en 2019 paraissait anodin, mais en 2020 avec la pandémie c’était un timing parfait.

Enfin, un critère plus terre-à-terre : l’adéquation avec la thèse du fonds. Un projet peut être super, s’il ne correspond pas à la stratégie du VC (secteur différent, stade trop précoce/tardif, ticket trop gros/petit), il ne sera pas retenu. Chaque fonds a ses limites (par exemple un fonds B2B SaaS ne financera pas une marque de mode, un fonds late stage ne va pas investir 500 k€ en amorçage, etc.). Les entrepreneurs doivent donc cibler les bons fonds en fonction de ces critères, et côté VC on élimine beaucoup de dossiers très vite juste parce qu’ils ne « rentrent pas dans la boîte » prédéfinie.

En résumé, sélectionner une startup pour un VC c’est un peu comme jouer au profiler du futur Google : on cherche des indices d’une équipe extraordinaire, d’un marché gigantesque, d’un début de succès et d’une recette spéciale qui la distingue. Le tout en pariant que maintenant est le bon moment pour y aller. Facile, non ? 😅

S’il y a bien une raison pour laquelle le job de VC est difficile, c’est ça : globalement 9 startups sur 10 dans lesquelles un VC investit vont se planter. Il faut donc que la 10ème soit un carton monumental pour compenser toutes les autres. Cette statistique est contre intuitive quand on a appris à l’école qu’il fallait faire juste tout le temps, mais elle explique pourquoi les VC sont si exigeants et ambitieux dans leurs critères. Ils s’autorisent l’échec, mais uniquement parce qu’ils visent en parallèle des réussites hors normes.

Quels traits de personnalité pour être un bon VC ?

On a décrit les aspects techniques, mais tournons-nous vers l’humain : quelles qualités doit avoir un venture capitalist pour réussir dans ce métier atypique ?
C’est un métier qui attire par certains côtés glamour (travailler avec des startups innovantes, potentiellement gros gains financiers, etc.), mais attention, ce n’est pas fait pour tout le monde. Voici quelques traits et compétences indispensables pour exceller en capital-risque :

  • Une sociabilité et un sens du réseau prononcés : Si vous êtes allergique aux événements et aux rencontres, passez votre chemin. Un bon VC adore rencontrer du monde, échanger avec de nouveaux fondateurs, serrer des mains, prendre des cafés à longueur de journée. Il faut être curieux des autres et bâtir un réseau étendu. Ce réseau sera votre principale source de deals et d’informations. Il faut donc être à l’aise socialement, capable d’inspirer confiance et de maintenir des relations sur le long terme. Un VC passe un temps fou en rendez-vous, en conférences, en dîners networking… et doit en tirer de quoi alimenter sa dealflow.

  • Une forte capacité d’analyse et de curiosité intellectuelle : Évaluer des startups demande de jongler entre de multiples domaines (finance, stratégie, technologie, ressources humaines…). Il faut absorber beaucoup d’informations, souvent techniques, et se faire un avis rapide. Les meilleurs VC sont des généralistes curieux, capables de comprendre une nouvelle techno ou un nouveau marché en un temps record. Feuilleter un business plan, analyser des métriques SaaS, creuser la science derrière une biotech – ça fait partie du quotidien. Avoir une base solide en analyse financière aide (comprendre un P&L, les mécanismes de valorisation), mais il faut surtout un esprit structuré et une appétence pour apprendre en continu. Les tendances évoluent vite, un VC doit toujours se mettre à jour sur “ce qui se fait” de nouveau.

  • Un bon jugement et le sens du pari : Investir en venture, c’est prendre des décisions avec des informations incomplètes et une grande incertitude. Cela vient avec l’expérience bien sûr, mais c’est aussi une question de tempérament : être capable de parier contre le consensus parfois, d’avoir une vision contrariante. Beaucoup des plus beaux investissements VC sont faits alors que peu de gens y croyaient sauf l’investisseur audacieux qui a su lire entre les lignes. Il faut donc avoir confiance en son jugement (sans être arrogant) et savoir décider dans le doute.

  • La patience et la résilience : On l’a évoqué, le feedback loop est très long en venture – vous ne saurez que dans 5-10 ans si votre décision d’investir était géniale ou non. Cela signifie qu’il faut un certain sang-froid et accepter l’incertitude dans la durée. Ce n’est pas un métier pour ceux qui cherchent des résultats rapides ou une validation constante. De plus, comme 80-90% des startups du portefeuille peuvent échouer, il faut être capable de gérer les échecs à répétition. Un VC voit souvent ses projections optimistes partir en fumée, ses entreprises faire faillite ou piétiner – ça fait partie du jeu. La résilience est donc clé : encaisser les revers et continuer à y croire pour la prochaine. Enfin, patience aussi dans l’accompagnement des fondateurs : on est là pour les soutenir sur plusieurs années, et tout ne sera pas rose, il faut donc savoir encourager, parfois recadrer, mais toujours être présent et patient.

  • La capacité de dire non (tact diplomatique) : Chaque semaine, un VC doit probablement dire “non” à plusieurs entrepreneurs venus pitcher. C’est nécessaire car il ne peut financer qu’une infime fraction des projets rencontrés. Mais il faut savoir le faire avec tact, en expliquant si possible les raisons, sans briser l’élan de l’entrepreneur. C’est délicat humainement – refuser des gens passionnés par leur projet n’est pas la partie la plus marrante du job, mais c’est incontournable. Inversement, il faut aussi parfois savoir dire non à des deals séduisants mais hors thèse ou trop chers, etc. La discipline et la cohérence priment.

  • L’humilité et l’esprit d’apprentissage : Dans ce métier où l’on mise sur l’avenir, les erreurs sont fréquentes et personne n’a la science infuse. Les VCs qui réussissent sur la durée font preuve d’humilité – ils savent qu’ils peuvent se tromper et cherchent en permanence à apprendre de leurs échecs comme de leurs succès. Beaucoup de fonds font d’ailleurs des post-mortems sur les deals ratés pour en tirer des leçons. Rester humble permet aussi de mieux travailler avec les fondateurs (ne pas leur imposer sa vision de façon arrogante) et de continuer à progresser. Le secteur évolue, de nouveaux modèles émergent, donc rester ouverts d’esprit est vital.

En plus de tout cela, on mentionnera également : une bonne gestion du stress (les périodes de crise, les deals qui capotent last minute, les pressions des LPs…), la négociation (pour entrer dans un deal à de bonnes conditions, pour vendre une participation lors d’une sortie…), et de solides compétences de communication (rédiger des notes d’investissement, convaincre en comité, promouvoir son fonds sur LinkedIn 😅…). C’est vraiment un métier multifacettes, ce qui fait d’ailleurs son attrait.

« le VC, c’est fait pour ceux qui veulent être au cœur de l’écosystème startup tout en diversifiant leur risque »

On profite de l’énergie des entrepreneurs, on touche à plein de secteurs différents (aucune journée ne se ressemble), mais il faut accepter un rythme de travail intense et un côté parfois solitaire (beaucoup de temps à analyser des dossiers, ou sur la route en solo). La frontière vie pro/vie perso peut devenir floue – on est tout le temps un peu en train de réfléchir à ses boîtes, même en dehors du bureau.

En clair, mieux vaut être passionné par ce que l’on fait !

Comment mesure-t-on les retours d’un fonds VC ? (IRR, multiples…)

Le succès en Venture Capital se mesure sur la durée et avec des métriques spécifiques. Pour un investisseur (LP) qui place son argent dans un fonds, la question finale est : « Combien ai-je récupéré par rapport à ma mise de départ, et en combien de temps ? ». Deux indicateurs principaux sont utilisés pour évaluer la performance d’un fonds de capital-risque : les multiples de retour et le taux de rendement interne (TRI ou IRR).

  • Le multiple – C’est l’indicateur le plus simple et parlant. Il s’agit du rapport entre l’argent récupéré et l’argent investi. Par exemple, si un LP a investi 1 million € dans un fonds et que, au final (après 10 ans mettons), il reçoit 3 millions €, on dira que le fonds a fait un multiple de 3x net.
    Un multiple > 1 signifie un gain, < 1 une perte par rapport à la mise initiale.
    En capital-risque, atteindre un multiple élevé est l’objectif (on vise idéalement 3x, 5x, 10x… selon l’appétit de risque). Ce multiple peut se décliner en plusieurs versions : le TVPI (Total Value to Paid-In) qui inclut la valeur actuelle du portefeuille encore non réalisé + le cash déjà retourné, et le DPI (Distributed to Paid-In) qui ne compte que le cash effectivement distribué aux LPs. En fin de vie du fonds, le TVPI rejoint le DPI car tout est liquidé.
    Pour un LP, le DPI est roi : c’est l’argent net dans la poche. Un multiple net de 3x signifie que le fonds lui a rapporté 3 fois sa mise (donc +200% de gain net).

  • Le TRI (taux de rendement interne, ou IRR en anglais) – C’est un indicateur plus technique qui exprime le rendement annualisé de l’investissement en prenant en compte la chronologie des flux de trésorerie. En d’autres termes, le TRI répond à « quelle a été la rentabilité annuelle moyenne de mon argent sur la période, compte tenu des appels de fonds et des retours distribués à différentes dates ». Par exemple, un multiple de 3x obtenu en 3 ans équivaut à un IRR bien plus élevé que le même multiple obtenu en 10 ans, car l’argent a travaillé moins longtemps pour tripler. Le TRI permet donc de comparer des performances en intégrant la notion de temps.
    Cependant, dans le contexte du venture, l’IRR peut être trompeur ou difficile à interpréter. Pourquoi ? Parce que les flux sont très irréguliers (quelques sorties peuvent survenir tôt, d’autres très tard) et la durée de détention des investissements est longue. Un fonds peut afficher un IRR élevé en milieu de vie grâce à une sortie exceptionnelle, puis retomber. Inversement un IRR moyen initialement peut grimper en fin de fonds si les grosses sorties arrivent plus tard. Ainsi, je conseille de se concentrer sur le multiple net à terme, qui est plus facile à lire, l’IRR n’étant qu’une traduction de ce multiple dans le temps.

En pratique, un fonds de VC “réussi” c’est quoi en chiffres ? Historiquement, un bon fonds de Venture Capital pouvait viser un IRR net de ~15-20% par an, ce qui est bien au-dessus des classes d’actifs traditionnelles (actions cotées, obligations). En multiple, cela donnerait environ 3x à 4x la mise sur 10 ans pour les LPs.
Les top performers peuvent dépasser 5x ou 10x (ce sont souvent des fonds qui ont eu la chance de miser sur LA licorne de la décennie). Il y a aussi beaucoup de fonds en-dessous de 2x (donc des performances décevantes, parfois même <1x signifiant une perte).

Le capital-risque suit la loi de puissance : ce sont souvent une poignée de fonds vedettes qui captent l’essentiel des gros succès. D’où l’importance pour un LP de bien choisir les VC dans lesquels il investit !

Une autre mesure interne utilisée est le TVPI en cours de vie du fonds, qui permet de voir à un instant T combien vaut le portefeuille (valorisations non réalisées + cash distribué). Mais attention aux valeurs non réalisées : celles-ci sont basées sur les valorisations des startups encore en portefeuille, souvent aux derniers prix de levées de fonds. Ces chiffres peuvent être gonflés en période euphorique, puis corrigés plus tard. Certains VCs ont pu annoncer des TVPI de 3x au bout de 5 ans, pour finir en réalité à 1.5x au bout de 10 ans parce que plusieurs startups n’ont pas réussi à concrétiser leur valorisation “papier”.

Seul le DPI compte à la fin – c’est la réalité des gains.

En résumé : le multiple net est l’indicateur le plus simple du succès d’un fonds (combien de fois la mise de départ a été rendue), et le TRI donne une idée du rendement annualisé. Les deux se complètent, mais gardez en tête qu’un 3x en 3 ans (TRI ~44%/an) n’est pas du tout équivalent à un 3x en 12 ans (TRI ~10%/an). Le temps, c’est de l’argent, même pour les VC !

Les relations entre VCs et fondateurs : un mariage d’intérêt sur le long terme

On ne peut pas parler de Venture Capital sans évoquer la relation humaine entre l’investisseur et l’entrepreneur. Quand un VC investit dans une startup, il ne signe pas juste un chèque et s’en va – il s’engage dans un partenariat de plusieurs années avec les fondateurs. Cette relation est souvent comparée à un mariage professionnel : il faut de la confiance, une vision commune, et ça dure pour le meilleur et pour le pire !

Quelle est la valeur ajoutée d’un VC pour un fondateur, au-delà de l’argent ? On parle de smart money : un bon VC apporte de l’accompagnement. Il siège généralement au Conseil d’administration de la startup ou au Board en tant qu’observateur, ce qui lui permet de guider la stratégie. Il peut aider à recruter des cadres clés grâce à son réseau, ouvrir des portes vers de gros clients potentiels, conseiller sur la communication, la stratégie produit, etc. Les fonds ont souvent vu passer des dizaines de boîtes, ils ont donc une expérience qu’ils transfèrent (directement ou via des mentors qu’ils connaissent). Certains VCs font venir des Operating Partners ou experts sectoriels pour coacher les startups du portefeuille. L’idée est d’être un accélérateur de croissance, pas juste un banquier.

En contrepartie, le VC a des attentes envers les fondateurs. Il souhaite qu’ils exécutent le plan annoncé, qu’ils atteignent les milestones de croissance. Il reçoit des reportings réguliers et garde un œil sur la performance. Si quelque chose dévie, il n’hésite pas à le signaler et à pousser à corriger la trajectoire. Le VC peut aussi aider à préparer la prochaine levée de fonds en faisant profiter la startup de son image (« X a investi chez nous » est un gage de crédibilité) et en la présentant à d’autres fonds pour les tours suivants.

La relation peut varier selon les styles : il y a des investisseurs très hands-on, presque co-pilotes de la startup au quotidien, et d’autres plus discrets, qui laissent le fondateur gérer tranquille sauf en cas de besoin. Cela dépend aussi du stade (en early stage les fondateurs sont souvent plus demandeurs de support qu’en late stage où ils ont déjà des équipes structurées).

Un aspect crucial est la communication et la confiance. Quand tout va bien, pas de souci – mais en cas de turbulences (retard produit, chiffre d’affaires en dessous des prévisions, besoin de refinancement imprévu), la transparence est nécessaire. Un fondateur doit pouvoir partager les problèmes franchement pour que son VC l’aide à les résoudre, plutôt que de cacher la poussière sous le tapis (erreur classique). De son côté, le VC se doit d’être compréhensif et constructif, pas seulement un donneur d’ordres.
Les intérêts de l’un et l’autre sont normalement alignés : tout le monde veut faire croître la valeur de l’entreprise. Cependant, il peut y avoir des tensions parfois, notamment sur le rythme de croissance ou la stratégie de sortie. Par exemple, un VC peut pousser pour aller vite quitte à brûler du cash, là où les fondateurs préféraient y aller prudemment. Ou bien un VC peut vouloir vendre la société à une belle offre alors que le fondateur voudrait continuer indépendant. Ce sont des situations réelles qui doivent se gérer par le dialogue, et souvent par les termes contractuels signés (droit de véto, clauses de liquidité, etc., qui régissent ces cas).

Malgré ces possibles frictions, dans la grande majorité des cas, VCs et entrepreneurs forment une équipe soudée. Le VC devient souvent un mentor ou un sparring-partner du CEO. Il apporte un regard externe, participe aux décisions stratégiques en conseil, et sert de caisse de résonance quand le fondateur hésite. Beaucoup de VCs sont d’anciens entrepreneurs eux-mêmes ou issus de l’opérationnel, donc ils comprennent les défis et savent se rendre utiles. Certains fondateurs considèrent même leur investisseur comme un « cofondateur tardif » qui les aide à franchir un cap.

Un bon exemple de collaboration réussie est souvent cité : le partenariat entre Sequoia Capital et les fondateurs de WhatsApp. Sequoia a été le seul VC de WhatsApp, les a accompagnés du début jusqu’à l’exit phénoménal, en ayant bâti une relation de confiance exemplaire (le partner de Sequoia siégeait au board mais laissait les fondateurs exécuter à leur manière).

À l’inverse, des exemples de relations dégradées existent aussi – on pense au cas de WeWork où l’investisseur principal (SoftBank) a fini par pousser le fondateur Adam Neumann vers la sortie en 2019 lorsque l’entreprise a vacillé. Des désaccords profonds sur la gouvernance et la viabilité du modèle ont conduit à cette rupture, illustrant que l’harmonie n’est pas garantie si les résultats ne suivent pas.

La clé réside vraiment dans le choix mutuel au départ : un entrepreneur a tout intérêt à bien choisir ses investisseurs (au-delà de l’argent, quelles valeurs apportent-ils ? Sont-ils alignés sur la vision et l’horizon de temps ?), et les VCs choisissent des fondateurs avec lesquels ils sentent un fit humain. C’est un peu comme un recrutement dans les deux sens. Quand ça matche, ça peut faire des étincelles positives – la startup va plus loin, plus vite, épaulée par son investisseur. Quand ça matche mal, cela peut devenir un mariage toxique, d’où l’importance de l’attention portée à l’aspect humain dès les due diligences.

Retenez que les VCs ont intérêt à la réussite des fondateurs et vice-versa. Ce ne sont pas des antagonistes, mais des coéquipiers dans l’aventure entrepreneuriale, liés par un objectif commun de créer de la valeur. Une phrase résume bien la chose : « We win together or we lose together ». Quand ça gagne, tout le monde célèbre et empoche les fruits (fondateurs, VC, employés actionnaires…). Quand ça échoue, tout le monde y laisse des plumes (argent perdu pour le VC et ses LPs, années d’efforts pour le fondateur). Ainsi, autant faire en sorte de travailler main dans la main dans la confiance.

Exemples marquants de succès et d’échec en Venture Capital

Pour donner un relief concret à tout ça, rien de tel que quelques cas emblématiques qui illustrent les dynamiques du Venture Capital. Des histoires de jackpots retentissants… et des épisodes plus douloureux, car le VC c’est aussi accepter les échecs. Voici deux exemples opposés qui ont marqué l’industrie.

Le coup de maître : Sequoia & WhatsApp.
S’il fallait une affiche pour le rêve Venture Capital, WhatsApp ferait l’affaire. Cette application de messagerie, lancée en 2009, a levé très peu de fonds : un unique VC, Sequoia Capital, a cru en elle dès le départ. Sequoia a investi environ 60 millions de $ au total dans WhatsApp via quelques tours discrets. En 2014, Facebook rachète WhatsApp pour la somme astronomique de 19 milliards de $. La part de Sequoia (près de 20% du capital) vaut alors environ 3 milliards de $, soit un retour de 50 fois la mise initiale. En une seule opération, Sequoia a remboursé son fonds entier plusieurs fois : ce deal à lui seul a rapporté plus de 2x le fonds de 1,3 Md$ dont il était issu. Ce genre de succès couvre largement tous les autres paris ratés. C’est l’exemple d’une licorne (même décacorne !) qui valide la stratégie VC : identifier une startup au bon moment et l’accompagner jusqu’à la sortie triomphale.
WhatsApp était rentable très tôt, les fondateurs étaient expérimentés – un rêve pour un investisseur. On comprend que les LPs de Sequoia ont dû être ravis du voyage !

La douche froide : SoftBank & WeWork.
À l’opposé, l’histoire de WeWork rappelle que les investissements VC peuvent aussi tourner au vinaigre spectaculaire. WeWork, fondé en 2010, a révolutionné le coworking et attiré des milliards d’investissements, notamment du géant japonais SoftBank via son Vision Fund. La startup a grimpé jusqu’à une valorisation privée de 47 milliards de $ à son apogée, faisant d’elle l’une des startups les plus valorisées de la planète. Cependant, en 2019, lors de sa tentative d’IPO, les problèmes de gouvernance et de modèle économique ont éclaté au grand jour : pertes abyssales, management fantasque du fondateur Adam Neumann…
L’introduction en bourse a capoté, la valorisation s’est effondrée de plus de 80%, et SoftBank a dû renflouer l’entreprise en catastrophe. Finalement, en 2023, WeWork a déposé le bilan (Chapter 11) aux États-Unis, actant l’échec de son modèle. SoftBank, qui avait injecté plus de 10-12 milliards $ dans l’aventure, a essuyé des pertes colossales (plus de 10 milliards) sur ce seul deal. C’est un camouflet majeur pour le Vision Fund. WeWork est devenu l’exemple emblématique d’une bulle éclatée : valorisée comme une startup tech alors que c’était une entreprise immobilière déguisée, avec une croissance non rentable.
Cet échec a refroidi l’enthousiasme sur les late-stage en 2019-2020 et rappelle que même les gros poissons peuvent se tromper lourdement. Pour les VC, la leçon est qu’il faut garder la tête froide, ne pas tomber dans le FOMO (fear of missing out) au point de surpayer n’importe quoi, et bien faire ses devoirs de due diligence… WeWork restera dans les annales comme le côté obscur du venture, tout comme l’affaire Theranos quelques années plus tôt (startup biotech frauduleuse qui a fait perdre des centaines de millions à ses investisseurs).

Entre ces deux extrêmes, il y a des milliers d’histoires de startups financées par le venture. Beaucoup échoueront sans faire de bruit, certaines réussiront modestement (revente correcte mais sans plus), et quelques-unes deviendront les futurs Amazon, Google, ou Airbnb de leur époque.

Le jeu du VC est d’avoir suffisamment de tickets en portefeuille pour qu’une pépite sorte du lot et rembourse tout. Comme le montre la loi de Pareto, souvent 80% des retours proviennent de 20% (ou moins) des investissements. Cela implique une gestion très particulière : il faut accepter de perdre sur la majorité des coups, tout en gardant assez de cartouches et d’optimisme pour capitaliser à fond sur LE gagnant quand il se présente.

Des fonds connus, il y en a un paquet, chacun avec ses succès : citons par exemple Andreessen Horowitz (a16z) qui a investi tôt dans Instagram, Airbnb ou Coinbase, Accel Partners (Facebook, Dropbox), Benchmark (eBay, Uber, Twitter), ou en Europe des acteurs comme Index Ventures (Skype, Deliveroo) et en France Partech, Kima Ventures, Alven, ISAI, etc., qui ont tous leurs belles histoires de exits. Chaque VC a son “Hall of Fame” de sociétés stars et son cimetière de projets ratés. L’important au final, c’est que la somme des succès dépasse largement la somme des échecs – souvenez-vous, un seul WhatsApp peut justifier toute une carrière d’investisseur !


En conclusion, le Venture Capital est un univers à part, où l’on parie sur l’innovation et l’avenir, avec de l’argent qui vient d’acteurs chevronnés (les LPs) et transite par des mains expertes (les GPs) pour nourrir la croissance de startups. C’est un monde fait de vision et de risque, d’énormément de travail d’ombre (analyser, réseauter, coacher) et de quelques instants de lumière (les exits). Un bon VC doit être un peu caméléon : financier, coach, psychologue, stratège… tout en sachant rester à l’écoute et humble face à l’incertitude.

Pour un investisseur qui me lit, comprendre les rouages du venture permet de mieux apprécier comment sont utilisés vos capitaux dans ce type de fonds, et pourquoi le couple risque/rendement y est si particulier. Pour un entrepreneur, savoir comment pense un VC peut aider à adapter votre approche lorsque vous frappez à sa porte.

Au final, retenons que le Venture Capital, malgré ses processus et chiffres, reste une affaire de personnes et de convictions. Ce sont des humains passionnés qui financent d’autres humains audacieux, dans l’espoir de créer ensemble les entreprises de demain. Et, chemin faisant, de générer de la valeur – tant financière qu’innovatrice – qui profitera à l’ensemble de la société. N’est-ce pas excitant, dit comme ça ?

Bonne chance à ceux qui se lancent dans cette aventure, que ce soit côté investisseur ou côté fondateur – et rendez-vous dans quelques années pour célébrer les prochaines success stories du venture capital… ou analyser les nouvelles leçons apprises des échecs, car il y en aura ! C’est tout le sel de ce métier : imprévisible, exigeant, mais ô combien stimulant.

À toi de jouer désormais – et qui sait, de dénicher la prochaine licorne 🦄 !

Cédric Tempestini

Cédric Tempestini

Pour ceux qui ont de l’argent. Deal Hunter, Investor, Serial Entrepreneur, BA, Author

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